[Porto, 2012] ©António Lucas Soares
Jacques Prévert et Robert Doisneau : des amis - Ils le disent tous les deux. Cet album est l'histoire de leurs balades, de leur amitié, de leur complicité. " C'est Prévert qui m'a appris le Château Tremblant et le pont de Crimée ", se souvient Doisneau. En lisant Prévert, on voit surgir les photographies de Doisneau : rue de Buci, les Halles, le canal Saint-Martin... En regardant Doisneau, on entend les poèmes de Prévert : " Les enfants qui s'aiment ", " Et la fête continue ", " Les feuilles mortes "... Leurs promenades les emmènent dans les quartiers les plus populaires - ceux qui parlent -, les photos qui en résultent semblent toutes inspirées par l'amour des choses qui vont ensemble : les accordéonistes et les danseurs, les tatoueurs et les tatoués, Gréco et Saint-Germain-des-Prés, les amoureux et les quais de la Seine... Le gag tendre et ironique à la Prévert, rehaussé par des légendes écrites par Doisneau, est présent un peu partout : c'est ce chien qui vit sur deux pattes avant et deux roues arrière, ou ces trois cages vides sur un étal de marché avec cette pancarte " J'achète tous les oiseaux ". L'apparition de la tête de Prévert qui ressemble à un graffiti dessiné par un gamin sur un mur de Paris, c'est le miracle d'une pincée de poudre de perlimpinpin lancée sur la réalité. Le poète et le photographe, c'est Jacques Prévert qui l'écrit, ont la complicité du gibier et du braconnier. Ici, le Poète se laisse tirer le portrait sans méfiance par Doisneau, car quelque chose lui dit qu'il est en pays de connaissance, qu'il est face à un compagnon du voyage, à un compatriote de la vie.
Rue Jacques Prévert, Robert Doisneau. 123 pgs. Hoëbeke, 1992
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