"Il était quatre heures du matin lorsque Degraël acheva la lecture du Voyage d’hiver. Il y avait repéré une trentaine d’emprunts. Il y en avait certainement d’autres. Le livre d’Hugo Vernier semblait n’être qu’une prodigieuse compilation des poètes de la fin du XIXe siècle, un centon démesuré, une mosaïque dont presque chaque pièce était l’oeuvre d’un autre.
Mais au moment même où il s’efforçait d’imaginer cet auteur inconnu qui avait voulu puiser dans les livres des autres la matière même de son texte, où il tentait de se représenter jusqu’au bout ce projet insensé et admirable, Degraël sentit naître en lui un soupçon affolant : il venait de se souvenir qu’en prenant le livre sur son étagère, il en avait machinalement noté la date, mû par ce réflexe de jeune chercheur qui ne consulte jamais un ouvrage sans en relever les données bibliographiques. Peut-être s’était il trompé, mais il avait bien cru lire : 1864. Il vérifia, le coeur battant. Il avait bien lu : cela voudrait dire que Vernier avait “cité” un vers de Mallarmé avec deux ans d’avance, plagié Verlaine dix ans avant ses “Ariettes oubliées”, écrit du Gustave Kahn près d’un quart de siècle avant lui ! Cela voudrait dire que Lautréamont, Germain Nouveau, Rimbaud, Corbière et pas mal d’autres n’étaient que les copistes d’un poète génial et méconnu qui, dans une oeuvre unique, avait su rassembler la substance même dont allaient se nourrir après lui trois ou quatre générations d’auteurs !"
Extracto de Le Voyage d'Hiver. Georges Perec. 1979.
Ah, o plágio... É difícil ser original, sobretudo quando outros já pensaram antes o que nós pensamos hoje. É difícil, senão humanamente impossível, conhecer tudo o que se produz, investiga ou publica. Na sociedade do conhecimento que vivemos, será realmente o conhecimento que predomina ou a informação/comunicação? E qual o papel das universidades na divulgacao para a comunidade em geral o que fazem entre portas?
Posted by: JG | 13/02/2009 at 14:54